Méditation de Myriam Matthey, pasteure dans l’Eglise évangélique « La Fraternelle », à Nyon
« Ils me feront un sanctuaire, et je demeurerai au milieu d'eux. Vous vous conformerez exactement au modèle de la Demeure et au modèle de tous ses ustensiles, tels que je vais te les montrer » (Exode 25.8-9).
Les chapitres 25 à 27 de l’Exode décrivent la Tente de la Rencontre, le premier lieu de culte des israélites après leur sortie d’Egypte. Moïse a reçu de Dieu les instructions nécessaires à la construction d’un sanctuaire en même temps que les Tables de la Loi. Ainsi s’est développé la notion d’un lieu saint, consacré à Dieu : un lieu sacré. La Tente de la Rencontre pouvait se monter et se démonter facilement. Dieu y manifestait sa présence par une nuée le jour et une colonne de feu la nuit.
Des siècles plus tard, le roi Salomon a construit le premier Temple à Jérusalem. Celui-ci comprenait trois espaces distincts : la cour extérieure, le lieu saint et le lieu très saint. Ce Temple a été détruit et reconstruit. Jésus s’y est rendu plusieurs fois : d’abord avec ses parents, puis pour enseigner, dès le début de son ministère en Judée. Il a également déclaré : « Abattez ce Temple et, en trois jours, je le relèverai » (Jean 2.19). En effet, dans la Nouvelle Alliance, la maison de Dieu n’est plus un bâtiment, mais le corps du Christ !
Tout au long de l’histoire de l’Eglise, de nombreux bâtiments ont été construits dans le monde, afin de refléter la gloire de Dieu, de célébrer le culte, d’être un lieu d’accueil, de prières et parfois de refuge. Chaque bâtiment reflète quelque chose de notre rapport à Dieu et de notre appartenance à notre famille d’Eglises : orthodoxe, catholique, réformée, évangélique, anglicane, etc.
L’expérience de « La Fraternelle » à Nyon
Il y a quelques temps, nous avons rénové les locaux de notre Eglise. Pour commencer, nous avions décidé de rester dans nos locaux actuels au centre de Nyon. Cela impliquait que le bâtiment ne pourrait pas être agrandi en fonction de la croissance de l’Eglise.
Les changements les plus importants ont été de s’ouvrir sur la rue, en remplaçant les vitre fumées du rez-de-chaussée par des vitres transparentes. Mais l’ouverture a aussi consisté à assurer un accueil régulier des passants. Dans ce but, un coin lounge et un bar ont été aménagés.
La chapelle est devenue multi-usages grâce à un sol adapté, à des tables « escamotables », à une gestion centralisée de la sonorisation, de l’éclairage et des stores. Sa décoration, prise en charge par une décoratrice professionnelle, est à la fois fonctionnelle et chaleureuse. Du coup, les gens de l’Eglise se sentent à l’aise et osent plus facilement inviter des amis. De plus, nous avons pu accueillir des gens pour une exposition, une soirée Gospel, un temps de partage, voire pour visiter les lieux.
Quant aux locaux annexes, ils ont été réaménagés en collaboration avec les responsables de l’enfance. Et les aspects écologiques ont également été prises en compte.
Un bâtiment en huit questions
Un bâtiment d’Eglise nous interroge de plusieurs manières.
(1) Quel est son but ? A quoi sert-il ? La réponse peut sembler évidente. En fait, elle est vaste. Ce peut être un endroit où le corps du Christ rend un culte, un lieu de prière, un lieu pour rencontrer Dieu et se laisser aimer, un lieu de fraternité, un lieu d’accueil ouvert à tous, un lieu pour servir l’Eglise, un lieu pour adorer Dieu, un lieu pour être enseigné selon la Bible et grandir dans la foi.
(2) Que reflète-t-il de notre rapport à Dieu ? Une relation empreinte de silence, de respect, voir de crainte. Ou une relation faite de liberté, de vérité, de confiance, de communion avec Dieu, de grâce et de pardon.
(3) Quels éléments sont mis en avant ? Une bible, une table de communion, une croix, un banc pour les pénitents, un écran géant ou rien qui rappelle notre foi.
(4) Quel message le bâtiment véhicule-t-il ? Le bâtiment communique quelque chose par sa forme, son implantation géographique en ville ou à l’écart, son style lié à la date de sa construction, sa décoration intérieure, son rapport au monde extérieur : ouvert, lumineux ou plus discret.
(5) Lorsqu’une personne entre dans l’église, que comprend-elle ? Comme décode-t-elle ce lieu et ses symboles ? Aura-t-elle envie de revenir ? Parfois il existe un décalage entre ce que les gens pensent d’un bâtiment d’Eglise et la réalité de nos lieux de culte. Par exemple, il y a quelques semaines, des jeunes de Nyon, membres d’une troupe d’improvisation, ont utilisé notre chapelle. Ils ont été étonnés d’y trouver un coin lounge et un bar à l’entrée. A Moudon, le bâtiment comprend une salle de boxe. A Neuchâtel, la chapelle est un lieu chargé d’histoire.
(6) Comment pouvons rendre nos lieux de culte plus missionnel, lorsque c’est possible ? Chaque lieu de culte raconte une histoire. Certaines anciennes églises possèdent des fresques ou des vitraux qui racontent des scènes bibliques. C’est aussi une manière de présenter Dieu et le Christ. D’autres lieux sont une salle de concert, une salle de cinéma, voire un night club ou un mur de grimpe. Il existe une diversité de lieux pour diversité de missions.
(7) Eglise, maison de Dieu, lieu de prière… En quoi un bâtiment permet-il aux gens de s’approcher de Dieu et de le rencontrer ? Il peut offrir un espace de silence, de louange, de prière, d’enseignement… Mais le bâtiment ne fait pas tout ! La manière avec laquelle les gens sont accueillis est déterminante.
(8) Le bâtiment est-il au service de la vision de l’Eglise ? Il peut exister un décalage entre ce qu’un bâtiment peut offrir et ce que l’Eglise en attend. Parfois, un lieu de culte « décalé » peut convenir. C’est le cas du D-Club, à Lausanne, où ce sont des chrétiens, et non un bâtiment, qui rendent l’Eglise locale visible.