Sur ces fragments de texte, rédigés en grec, on peut lire des passages des livres bibliques de Zacharie et de Nahum de l’Ancien Testament. Ce serait, pour les Juifs et les Chrétiens, la découverte la plus importante depuis celle des manuscrits de la mer Morte, il y a plus de 70 ans dans les grottes de Qumrân. Elle « pourrait permettre d'approfondir l'histoire de la traduction en grec de la Bible », estime Yosef Garfinkel, directeur de l'Institut archéologique de l'université hébraïque de Jérusalem, cité par l'AFP. Et ce qui est intéressant, c’est que ces fragments présentent par exemple une variante en parlant non pas de « portes » dans les versets reconstitués, mais de « rues ». Pour Antony Perrot, cette découverte « in situ » dans des fouilles légales est enthousiasmante : « Cela dit que les textes ont pris vie dans des communautés précises. On va en apprendre plus encore sur les prophètes, en l’occurrence, comme sur la transmission et sur la réception de leur message. »
Des versions différentes
Les variantes observées dans ces manuscrits ne sont pas les premières : « Dans les textes de Qumrân, nous avons par exemple deux versions du livre de Jérémie assez différentes, commente Antony Perrot. Cela n’altère pas le grand message de l’Evangile ni le fait de croire que la Bible est Parole de Dieu. Cela nous dit en revanche que deux versions de ce livre circulaient à l'époque. »
Découverte jugée extraordinaire
Mardi, à l’annonce de la nouvelle par les autorités israéliennes compétentes, tous les journaux locaux en parlaient en boucle sur leur site internet. Il faut souligner que d’habitude, les découvertes archéologiques sont annoncées à l’approche de fêtes juives. C’est dire qu’elles sont parfois utilisées pour insister sur l’appartenance du peuple juif à cette terre d’Israël-Palestine, d’après des commentateurs sur place. Elles font d’ailleurs souvent l’objet de querelles entre Palestiniens et Israéliens, ces derniers étant accusés de vouloir justifier des revendications territoriales en Cisjordanie. Or dans le cas présent, pas de fêtes juives dans les jours à venir, ce qui fait dire aux mêmes commentateurs que la découverte est vraiment extraordinaire.
Autres découvertes
Ces manuscrits mis à part, les chercheurs de l’Autorité israélienne des antiquités (AIA) ont également découvert diverses pièces de monnaie, des flèches et des têtes de lance datant de la révolte de Bar Kokhba, soit de la deuxième guerre judéo-romaine du temps de l’Empereur Hadrien qui a duré de 132 à 135 après Jésus-Christ. Mais ils ont aussi découvert un squelette d’enfant momifié vieux de 6'000 ans et drapé dans un tissu de même qu’un panier tressé à partir de matériel végétal datant de 10'500 ans, soit sans doute le plus vieux du monde. Des découvertes sur lesquelles les autorités israéliennes sont très heureuses d’avoir mis la main, et qui échappent ainsi aux pilleurs d’antiquités qui semblent être très actifs dans ces cavités rocheuses du désert de Judée.
Gabrielle Desarzens