Officiellement, les chrétiens sont une poignée à résider aujourd’hui en Afghanistan. Giovanni Scalese officie dans l’unique chapelle catholique du pays. Selon ce seul prêtre sur place auprès d’une poignée de fidèles, l’Eglise catholique était constituée de la communauté internationale composée avant tout des personnels diplomatiques. Il y a quelques années, il y a eu aussi des entrepreneurs et puis des travailleurs philippins. Mais la mission catholique n’a jamais baptisé aucun Afghan dans ce pays, où tout converti à une autre religion que l’islam risque la mort.
D’après l’ONG Portes Ouvertes, les chrétiens seraient toutefois quelques milliers à vivre leur foi dans l’ombre. Il s’agit d’apostats, c’est-à-dire de croyants qui ont renié la religion musulmane. Et ces jours, avec les Talibans qui prônent un retour à la charia, ils doivent dissimuler plus que jamais leur appartenance chrétienne.
La prière…
« Priez pour l’Afghanistan ! » C’est la demande que Giovanni Scalese a lancée samedi 14 août sur Vatican News, ajoutant vivre des jours de « grande appréhension ». Cet appel à la prière est relayé par l’ONG Portes Ouvertes, qui souligne que les chrétiens convertis, dont la vulnérabilité a drastiquement décuplé, ne savent plus à qui se fier. L’organisation protestante évangélique demande aussi de prier pour que le pays ne devienne pas le paradis des extrémistes. Et de prier pour les femmes qui craignent ne plus avoir droit à une activité professionnelle ou à la simple scolarité pour leurs filles.
Prier ? Cela peut sembler dérisoire. Mais pour les croyants, c’est la meilleure et surtout la seule chose que l’on peut entreprendre actuellement, souligne l’ONG.
Femme et chrétienne convertie ?
Cet accent mis sur les femmes par Portes Ouvertes n’est pas anodin. Selon un article de L’Express, les Talibans ont déjà introduit, dans les zones qu’ils contrôlaient avant Kaboul, des restrictions à leur éducation, à leur liberté de mouvement, à leur habillement. Des tracts y circulaient même pour exiger qu’elles portent la burqa, ce sac de tissu bleu qui couvre tout le corps, tête comprise.
En fait être femme et chrétienne convertie aujourd’hui en Afghanistan, c’est, pourrait-on dire, la combinaison qui tue.
Gabrielle Desarzens
Une chronique de la matinale de RTS La Première à écouter ici