Le Réseau évangélique a-t-il été approché par la production de Vacarme?
Oui, pour les mettre en relation avec des pasteurs ou responsables d'Eglises. Nous avons eu de bons contacts avec les journalistes, ils ont compris que nous ne sommes pas une faîtière des évangéliques mais un réseau d'Eglises. Nous avons proposé qu'un responsable du RES intervienne dimanche 18 février dans les Echos de Vacarme, pour clore la série. La production préférait recevoir des intervenants extérieurs au milieu évangélique (NDLR: Le sociologue des religions Philippe Gonzales et le socio-antropologue Philippe Gilbert).
A vos yeux, ces cinq reportages représentent-ils bien les convictions des Eglises affiliées au RES?
D'un côté oui, avec l'Armée du Salut qui est présente dans le premier reportage. Cette Eglise a une approche ecclésiale et sociale caractéristique du mouvement évangélique. L'Eglise Cathedral international (Renens), qui n'est pas membre du RES, est un peu moins représentative. La production aurait pu mettre en évidence une communauté évangélique plus "classique", illustrant mieux la grande famille des évangéliques avec ses différentes dimensions.
Qu'est-ce qui vous a surpris?
Les reportages étaient bien réalisés, la parole donnée à différents témoins. J'ai beaucoup apprécié le premier épisode, où les journalistes accompagnent des chrétiens de l'Armée du Salut dans la rue. J'ai aussi été touché par Lucas, ce jeune qui a prié pour que Dieu se révèle au journaliste comme il s'est révélé dans sa vie à lui.
Il y avait aussi des aspects plus dérangeants, qui induisent une sorte d'auto-critique. Cette approche assez "absolue" que nous pouvons avoir, nous les évangéliques. Jésus dit qu'il est le seul chemin vers Dieu. Cela peut déranger certaines personnes.
Dans le reportage sur l'homosexualité, j'ai été surpris négativement par le déséquilibre entre les témoignages: d'un côté, quatre hommes qui ont fait leur coming-out et quitté le milieu évangélique. De l'autre, Liliane Favarger, seule personne qui ose partager une position différente, qui est aussi celle défendue par le RES.
De l'extérieur, il est compliqué d'appréhender l'évangélisme, en raison de ses nombreuses "familles" (baptistes, libristes, pentecôtistes, mennonites etc…). Quelles sont leurs convictions communes?
L'importance d'une foi personnelle, c'est-à-dire d'accepter Jésus comme son Sauveur et de marcher dans ses pas. La centralité de la Bible. Et le désir de partager l'Evangile autour de soi afin que d'autres découvrent cette bonne nouvelle. Malgré la variété des Eglises évangéliques, ces trois éléments sont les dénominateurs communs. Je trouve qu'ils sont bien ressortis dans les reportages de Vacarme.
Une autre caractéristique mise en lumière, c'est que les Eglises évangéliques apportent du lien social et un sentiment d'appartenance….
C'est un aspect très important de nos communautés évangéliques, et certainement une raison de leur attractivité. L'Eglise est vécue comme une famille, un lieu où l'on se sent accueilli. Au culte, on peut être soi-même, contrairement au monde du travail avec sa pression et ses exigences. On peut vivre la communion fraternelle, s'entraider, se servir, s'aimer. On peut vraiment vivre l'Evangile et créer du lien social. Notre foi donne du sens à la vie: en appartenant à Dieu, on entre aussi dans sa famille. Cette fraternité fait vraiment partie de l'ADN des évangéliques.
Un des reportages évoque des "séances de guérison avec des gens en état de transe". Votre réaction?
Quand on est dans la présence de Dieu, on peut s'approcher de l'état de transe. Une des définitions du dictionnaire parle d'ailleurs d'un "état d'exaltation d'une personne qui se sent comme transportée hors d'elle-même et en communion avec un au-delà". Cela fait partie de notre humanité. Ce type de manifestation peut exister dans les Eglises dites charismatiques mais toutes les communautés évangéliques ne l'expérimentent pas.