Des hommes armés ont enlevé dimanche quatre religieuses catholiques dans le sud-est du pays. Il y a dix jours, un prêtre et un séminariste l’ont été plus au sud. En juillet et en juin, d’autres hommes d’Eglises encore ont été kidnappés. Les enlèvements contre rançons sont devenus un business jugé très lucratif au Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique, frappé par une grave crise économique et aux prises avec une criminalité quasi généralisée. Ces kidnappings s’effectuent aujourd’hui non pas pour des raisons religieuses ou idéologiques, mais plutôt parce que l’Eglise est perçue comme ayant la capacité de mobiliser des fidèles pour payer les sommes exigées, estiment différents observateurs avisés.
Faire de chaque personne un négoce potentiel ?
Il y a deux mois, le primat de l’Eglise méthodiste du Nigéria a été libéré deux jours après avoir été enlevé moyennant 200'000 euros, aurait-il dit, cité par RFI (Radio France internationale). Si certains otages sont parfois tués, d’autres sont donc relâché après paiement. Pour lutter contre cet état de fait, l’Eglise catholique du Nigéria a affirmé en 2021 qu’elle refuserait de payer des rançons pour ne pas encourager ce type de pratiques. Car pour les évêques, « payer une rançon, c’est mettre chaque personne en danger, en faire un objet de négoce potentiel ». Cela mettrait en fait en danger tous les collaborateurs de l’Eglise qui se déplacent continuellement entre les villages.
La police locale d'Immo, dans le sud-est du Nigéria, a indiqué mercredi 24 août que les quatre soeurs catholiques avaient été relâchées mardi par des hommes armés. Son porte-parole a précisé qu'elles étaient « indemnes» , mais n'a pas précisé si une rançon avait été payée pour leur libération.
Motifs religieux ?
Les raisons financières mises à part, on a toutefois pu entendre que les chrétiens étaient des cibles aussi en raison de leur foi dans cette région sahélienne. Quand la Suissesse Béatrice Stöckli avait été enlevée, ses ravisseurs avaient fait expressément référence à son ministère. Le groupe armé qui la détenait parlait d’elle comme d’une « mécréante évangélisatrice qui, par son travail, avait réussi à faire sortir de l’islam nombre de fils musulmans ». Elle a d’ailleurs été tuée en 2020. Mais il s’agissait de djihadistes fanatisés, comme l’étaient aussi les ravisseurs des écolières de Chibok en 2014 qui avaient déclaré notamment que l’enseignement occidental était un péché.
Selon le quotidien britannique The Guardian, l’anarchie a maintenant évolué au Nigéria. Le tout récent rapt de ces quatre sœurs catholiques serait le fait de bandes armées qui profitent de la désorganisation du pays. Pour les contrer, il faudrait des gardes aux abords des écoles comme aux abords des églises.
Gabrielle Desarzens