Bien sûr il y a ce semi-confinement qui pèse lourdement. Le quidam se sent à l’étroit entre ses murs, en manque de relations sociales. « Mais les plus grandes prisons sont intérieures, estime Robin Reeve. Y règnent aussi souvent les souffrances les plus compliquées. » Or, ce professeur en Ancien Testament en est convaincu, il y a moyen d’en sortir. « Mais c’est un combat. Et un chemin », prévient-il. Pour lui, la période que l’on traverse est en effet comme une incitation à découvrir ou redécouvrir cette notion de liberté qu’offre l’Evangile : « Car Jésus est véritablement venu libérer les femmes et les hommes emprisonnés dans leur quotidien fait d’impératifs, d’obsessions et de devoirs à accomplir. Comme aussi de désarrois intérieurs, de pertes de repères. »
Attente et confiance en Dieu
Au bénéfice de trois stents, diagnostiqué diabétique il y a tout juste un an, Robin Reeve est une personne dite « à risques » face au Covid-19. Alors, oui, il se doit d’être particulièrement prudent. « Mais je vis ma fragilité comme un aimant qui me tire vers le haut. » Et cet homme, les yeux attentifs à l’autre derrière le verre de ses lunettes, d’expliquer pouvoir encore se sentir parfois comme Jonas dans les tréfonds de la mer. « Avec pourtant ce regard, cette attente et cette confiance en Dieu ». Le bonheur ? Il n’y croit pas. Du moins pas comme le présentent toutes sortes de charlatans qui semblent aussi avoir mainmise sur la joie. Et notre homme de parler alors du « hold-up de la joie », parmi d’autres formules choc qu’il affectionne. « Mais la liberté, j’y crois, dit-il simplement. En fait, dans ce temps de pandémie, Dieu me ramène à moi-même. Me libère de mes pressions et de mes stress habituels pour me donner comme une impulsion nouvelle. Et c’est cela que j’aimerais dire : ma vie, ce sont mes dons, les désirs profonds de mon être. Je pense que Dieu veut que je devienne pleinement moi-même pour que je puisse par la suite me réinvestir dans le monde de façon libre et plus authentique. »
« J’ai un super Christ »
Le professeur au visage encadré par une barbe et des cheveux très courts cite enfin Esaïe 61, Colossiens 3 ou Luc 4 verset 18, précise-t-il, comme si l’on parlait d’amis communs pour affirmer que la période de l’Avent nous dit précisément ceci : que Jésus est venu nous offrir cette notion de liberté face à un monde qui nous enchaîne, « que ce soit par l’excès de responsabilités ou d’engagements ». Il y a là un essentiel à retrouver. Un ferment de foi à faire grandir. « Pour que l’attachement à Christ prenne le pas sur les pressions habituelles et la morosité ambiante. » Mais le professeur ne se veut pas dogmatique : « Je dis cela sans être un super chrétien pour autant, glisse-t-il. Mais j’ai un super Christ ! »
Gabrielle Desarzens