« Ils châtient à coups de bâtons, ils sont contre les homosexuels, ils interdisent la musique pop : les bigots (1) sont aussi radicaux que cela ! », titrait il y a deux semaines le tabloïd alémanique Blick, dans un article contre les évangéliques.
Pour asseoir ces élucubrations, le journal a fait appel à Georg Otto Schmid, un « spécialiste des sectes » et animateur d'un centre d'information sur les Eglises, les sectes et les religions (www.relinfo.ch). Ce centre est soutenu par les Eglises réformées de Suisse alémanique !
Interrogé par l'agence de presse évangélique Idea et interpellé de tous côtés, le fameux « spécialiste » s'est défendu en affirmant qu'il avait été mal cité par le Blick et qu'il ne pouvait rien changer à cela. Sur le site internet de son centre d'information, il a pourtant publié un texte dans lequel il nuançait ses propos.
Dans un article intitulé « Le Blick tire contre des Eglises libres. Campagne de presse contre les chrétiens des Eglise évangéliques libres », Idea raconte sur le web comment cette histoire a démarré.
La colère de grands-parents
D'abord, il y a eu la colère de grands-parents d'Appenzell Rhodes-Extérieures contre le Service de protection de la jeunesse (KESB). Ceux-ci avaient confié provisoirement deux de leurs trois petits-enfants aux services sociaux, en attendant d'être de nouveau capables de s'en occuper. Les services sociaux avaient placé les enfants en famille d'accueil, puis ils ont jugé que les grands-parents n'étaient plus capables d'en prendre soin. Ils ont donc refusé de rendre les petits-enfants à leurs grands-parents. Quant à la mère des enfants, elle purge actuellement une peine de prison en République dominicaine, pour des délits liés à la drogue. Le père, lui, ne fait pas partie de l'histoire…
L'affaire est actuellement en justice. L'un des arguments des grands-parents est d'ordre religieux : ils sont catholiques et trouvent inacceptable que leurs petits-enfants soient placés dans une famille d'accueil évangélique. « Les autorités ont envoyé nos enfants chez les bigots », se lamentent-ils. Et le Blick d'en rajouter, avec la finesse qui fait sa réputation : « Contre la volonté des grands-parents, les petits-enfants doivent régulièrement assister à la messe des bigots. »
Jolanda Oelke-Brunner, du Service de protection de la jeunesse d'Appenzell Rhodes-Extérieures, se fait rassurante. Elle explique que la protection des enfants est prioritaire, que leur participation à un culte ne pose pas de problèmes et que les parents d'accueil n'ont pas du tout l'intention d'obliger les enfants à modifier leur foi.
Pas suffisamment d’autres familles !
A Zurich, Ruedi Winet, l'un des responsables du Service de protection de la jeunesse de ce canton, se fait moins conciliant lorsqu'il explique pourquoi les familles d'accueil sont souvent évangéliques : « Nous n'avons pas le choix, regrette-t-il. Nous n'avons pas suffisamment d'autres familles disponibles. » Et il qualifie les pratiques religieuses de ces familles de « gros problème », par exemple la prière à table.
Alors qu'un débat s'est engagé à propos du choix des parents d'accueil par les Services de protection de la jeunesse cantonaux, le Blick à fait glisser sa communication du cas particulier d'une famille à problèmes à une salve contre les chrétiens évangéliques. Il faut bien vendre !
En marge de cette affaire, nous apprenons que les chrétiens évangéliques de Suisse orientale sont un recours – apprécié ou contraint – en matière de placements en familles d'accueil. On n'aime pas trop que ces gens aient des convictions. Mais on a besoin d'eux, parce que leurs convictions les encouragent à former des familles stables, disponibles et accueillantes.
Une contribution des évangéliques au vivre-ensemble !
Que l'on trouve de temps en temps une famille d'accueil évangélique inadéquate dans sa manière de témoigner, cela ne devrait pas nous étonner. Mais, d'une manière générale, nous ne pouvons que nous réjouir de voir comment ces frères et sœurs offrent, au nom du Christ, une présence et une aide pertinente dans la société.
Encourageons-les ! Encourageons-nous ! « Nous sommes, en effet, pour Dieu le parfum du Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent » (2 Co 2.15).
Claude-Alain Baehler